La perte affichée par votre bilan est-elle le reflet de votre activité ?
Comment passer d’un déficit à un bénéfice avec un autre regard sur votre bilan ?
Etes-vous amené à vous interroger en recevant votre projet de bilan ? Celui-ci vous semble en décalage avec la réalité que vous ressentez. Il ne vous donne pas les clefs pour comprendre les résultats affichés ?
Analyser pour optimiser compte de résultat et visibilité financière
Abordons le cas aujourd’hui d’une société de services aux particuliers en Seine et Marne à proximité de Provins. Cette entreprise réalise des bénéfices tous les ans depuis sa création.
Cette société a acquis un fonds de commerce dans l’Yonne, réalisant 280.000 € de CA dans une activité similaire et bénéficiaire.
Le comptable produit un bilan pour l’exercice avec un résultat déficitaire de – 28.997 € pour un CA de 440.479 €.
Ce résultat s’accompagne par ailleurs de tensions de trésorerie.
Devant cette situation inattendue le dirigeant s’interroge sur les causes de cette situation. Il nous sollicite pour avoir un autre aperçu de la situation dans le cadre de son contrat d’accompagnement.
Besoins non exprimés de notre client sur lequel nous anticipons les questions suivantes :
- ce résultat traduit-il vraiment la situation de l’entreprise ?
- comment l’expliquer aux partenaires de l’entreprise, quelles seront les conséquences ?
- comment faire face à cette situation ?
Analyser pour comprendre
Face à une telle situation, la première réaction du dirigeant est de regretter d’avoir fait cette opération qui amène à des pertes pour la première fois depuis sa création.
Cette réaction émotionnelle doit être relativisée à l’aide des faits et chiffres qui vont démontrer qu’elle n’est pas fondée. L’émotion perturbe la lucidité.
Les moyens
Le bilan accompagné d’un grand livre permet de rentrer dans le détail des écritures comptables notamment dans l’analyse des comptes de charges (classe 6) et des comptes de produits (Classe 7).
Pour le dirigeant, l’expert-comptable transmet un bilan qui est le reflet de l’activité de l’entreprise. Ce document est un reflet comptable qui ne représente pas toujours la réalité économique de l’entreprise car la distinction entre les dépenses courantes rattachées à l’activité et les dépenses engagées pour le futur de l’entreprise ne sont pas distinguées.
Votre comptable vous a-t-il demandé les informations permettant de distinguer les charges récurrentes des charges non récurrentes ou liées à des décisions stratégiques ?
Le comptable qui reçoit des documents sans commentaires, et qui les intègre dans le bilan, sans connaissance du vécu et des choix de l’entreprise, et des options du dirigeant.
Les propositions
Notre métier, c’est d’aider le dirigeant à prendre les bonnes décisions dans les meilleurs délais en leur apportant un autre regard sur leur comptabilité afin de leur donner une visibilité sur leur activité.
C’est pourquoi nous regardons les chiffres et faits autrement, en les lisant avec le dirigeant car ils racontent l’histoire de l’entreprise et du dirigeant, expriment des choix, racontent l’histoire de l’entreprise et le projet du dirigeant. Ils permettent également de valider les choix de celui-ci et de les confronter avec la réalité que lui donnent les chiffres de sa comptabilité et qui sont parfois mal interprétés dans le bilan.
Cela permet aussi de différencier l’idée que se fait le dirigeant de son entreprise avec la réalité que lui donne ses chiffres.
Notre rôle est de ramener le dirigeant au réel, en utilisant les chiffres de sa comptabilité en lui proposant une lecture différente en relation avec l’économie et la dynamique de son projet.
Distinction entre charges récurrentes et charges non récurrentes
Revenons sur ce cas : pertes et difficultés de trésorerie suite à une acquisition de fonds de commerce.
Dans la comptabilisation des charges dans le bilan de cette société, il n’y a pas eu de distinction entre les charges récurrentes et les charges non récurrentes :
- les charges récurrentes liées à l’exploitation régulière de la société, achat marchandises et fournitures, charges externes, salaires et charges, amortissements, frais financiers,
- les charges non récurrentes liées à cette opération d’acquisition ainsi que les temps passés pour la réaliser, qui ont été intégrées dans les charges récurrentes de la société alors qu’elles auraient pu être soit immobilisées soit passées en charges exceptionnelles, afin d’identifier le résultat d’exploitation véritable indicateur de la rentabilité de l’entreprise.
Lire différemment
Il y a toujours deux lectures possibles :
- une lecture purement comptable qui s’attache à figer le passé à un moment donné sans se préoccuper de l’utilisation de l’image qui sera produite, et interprétée par les analystes financiers.
- une lecture plus dynamique (économique et financière) qui va prendre en compte le fait que cette image produite sera utilisée au minimum un an pour évaluer et jauger la société et lui donner une cotation de risque. Cette cotation lui donnera accès ou non aux financements dont elle a besoin.
Un exemple concret
Dans ce projet de bilan tous les postes de charges rattachés à l’opération de rachat de fonds de commerce se trouvent dans les comptes suivants :
- autres honoraires : 23.394 € – 5400 € = 17.994 € (honoraires mensuels non récurrents)
- honoraires comptables : 10.385 € contre 4.835 € l’année précédente : isoler la quote-part d’honoraires générés par l’opération d’acquisition (minimum 4.000 €).
- commissions d’emprunt frais de garantie du prêt contractés pour l’acquisition : 6.512,68 €
- frais financiers : différencier les frais financiers liés à l’exploitation des frais financiers exceptionnels rattachés à l’opération : sur 8627 € de frais financiers : frais financiers intérêts sur autres dettes liés à un retard de paiement 7.592,65 €
- quote-part du salaire et charges du dirigeant : 25 % du temps dirigeant consacré à l’opération sur un coût global de 12600+(15388/3 = 5129€) = 4.432,25 €
- compte 62220 : commissions et courtages : 1400 € de facture avocat enregistrée à tort dans ce compte et à imputer à l’opération.
- comptes 6358 Autres droits : droits d’enregistrement de l’opération d’acquisition du fonds de commerce 10.300€.
Soit un total de 52.231,58 € qu’il serait possible de passer en immobilisations incorporelles ou en charges exceptionnelles, sur une opération d’acquisition à amortir sur une période de 3 ans à 5 ans.
Le résultat
En déduisant cette somme des charges récurrentes et en l’affectant en immobilisation ou en charges exceptionnelles, on met en évidence que l’exploitation courante reste bénéficiaire mais de plus la perte affichée dans le bilan devient un bénéfice.
Ces dépenses non récurrentes rattachées à un investissement important pour la société, peuvent permettre de comprendre les tensions de trésorerie suite à cette opération car elles ont été financées sur la trésorerie courante. D’autant plus que cette opération a été financée à hauteur de 285.000 € pour un investissement global de 300.000 €.
Si ces dépenses étaient clairement identifiées en immobilisations il serait possible de solliciter un financement bancaire de moyen terme pour consolider la trésorerie, d’autant plus facilement si on ressort avec un résultat d’exploitation positif qui démontre la capacité de la société à rembourser les emprunts en cours plus un nouveau financement. Ce financement apparaitra aux banques comme la préoccupation légitime du dirigeant d’assurer le financement de son développement en mettant des ressources stables en place, en évitant ainsi la fragilité provoquée par les pics de trésorerie.
Pertinence de certaines écritures : le sujet n’est plus aujourd’hui de gonfler les charges pour réduire l’impôt
Sur les écritures de provision qui ont un impact direct sur le résultat il y a lieu de s’interroger sur leur pertinence.
Par exemple en révisant les comptes, on découvre une provision liée au rachat dans le compte : 64588 : 6.268,29 € de provisions sur risque, (réclamation potentielle !!! d’un salarié sur un écart de salaire sur les 3 dernières années dans l’ancienne société).
Cette provision n’est pas nécessaire car le risque ne s’est pas matérialisé et elle pourrait être réintégrée dans un contrôle fiscal : provision à annuler pour 6.268,29 €.
En conclusion
Par conséquent, on passe avec ces éléments identifiés pour un montant de 52.231 € plus 6.289 € de provisions non justifiées d’un résultat négatif de – 28.997 € à un résultat positif de plus 30.502 € qui peut être réduit d’un amortissement de 20 % sur les immobilisations incorporelles soit 10.446 €, ce qui mènerait à un résultat avant impôts de 20.055 € et après impôt de 17.047 €, soit un cash-flow de 27.493 €.
Par une lecture différente des chiffres on ajuste le bilan à la réalité économique et financière de la société.
Aujourd’hui le but n’est plus de gonfler les charges pour réduire l’impôt société, il faut donner une vision objective de l’entreprise exprimant le projet du dirigeant se répartissant entre la gestion courante de l’entreprise et des décisions stratégiques concernant le futur se matérialisant par des investissements, matériels, incorporels (formation, temps passé sur le développement, recherche sur de nouveaux produits et services, croissance externe, cession de branche d’activité etc…).
La mise en forme de ces éléments dans le bilan va avoir un impact direct sur sa cotation financière et sur son droit aux financements bancaires.
Elle va donner aux partenaires financiers et aux analystes financiers le moyen de comprendre le projet en rendant visible dans la structure de coûts, les dépenses engagées pour le futur et en les distinguant des dépenses courantes ce qui va permettre de rassurer les banques et partenaires financiers qui ont financé cette opération, et qui pourront continuer à financer le développement futur de l’entreprise.