Comprendre la logique des banques pour se financer aujourd’hui

Le métier de la banque, avant

Dans l’esprit de la plupart des entrepreneurs et dirigeants le métier du banquier c’est de financer son activité en lui prêtant de l’argent. Ce qui a été très longtemps le cas.

Pourtant il est de plus en plus compliqué de se faire financer par la banque.

Il y a bien sûr les activités annexes : assurance, téléphone et autres qui peuvent être considérée comme des ventes complémentaires.

Depuis la crise financière de 2008 dans laquelle le système financier a été lourdement ébranlé, le métier et ses contraintes ont changé. Les accords de Bâle 3 en 2010 ont mis en place un ensemble de mesures pour conforter et consolider le système financier. Le métier de banquier a radicalement changé, et de ce fait les structures et la pratique des banques également.

Consulter l’article de La Finance pour Tous – L’accord de Bale III

Le métier de la banque, aujourd’hui

Pour prêter de l’argent, la banque doit d’abord identifier et limiter les risques.

Aujourd’hui les banquiers à l’exception des réseaux mutualistes qui collectent l’épargne, mais recourent aussi à l’emprunt, empruntent de l’argent sur les marchés financiers pour le prêter aux clients professionnels ou particuliers.

Pour emprunter il faut avoir une visibilité, et une crédibilité : donc les banquiers ont une cotation comme les états : A+++, A++, B etc.

Plus leur cotation est dégradée, plus le coût de l’argent emprunté sur les marchés financiers sera élevé, moins la banque sera compétitive auprès de ses clients et moins sa rentabilité assurée.

Comment est évalué la cotation d’une banque ? Au travers de la qualité de son portefeuille d’encours clients ou de placements.

Réduire et limiter le risque : principal métier du banquier aujourd’hui

Comment évalue-t-on la qualité du portefeuille d’encours clients ?

En analysant la qualité et la cotation de ses clients au travers de certains indicateurs et ratios et de certaines informations que le dirigeant n’a pas forcément identifiés.

Plus le risque identifié par la banque est important plus la cotation du client est dégradée, moins il a de chances d’obtenir son financement.

En conséquence le banquier a maintenant un ensemble de contraintes à gérer qui sont au coeur de son nouveau métier : gérer le risque rattaché à une créance :

  • d’où les contraintes imposées à ses clients particuliers qui souhaitent emprunter pour de l’immobilier qui doivent permettre de réduire le risque : solvabilité de son client et pérennité de ses revenus, taux d’endettement, mais aussi évolution des prix sur le marché immobilier, plus d’autres critères complémentaires dont le but est d’identifier les risques
  • d’où les demandes de visibilité imposées à ses clients entrepreneurs

Quels sont les éléments de visibilité d’une entreprise ?

  • Cotation banque de France établie par l’analyse des bilans et liasses fiscales à l’aide des outils informatiques et de critère clefs :
    • Ratio d’endettement : volume de dettes par rapport aux capitaux propres
    • Rentabilité de la société
    • Surtout capacité au travers de son activité à financer les besoins financiers générés par celle-ci : investissements, remboursement d’emprunt, financement du besoin en fonds de roulement
  • Informations diffusées par le Tribunal de commerce aux banques, aux assurances crédit client ou aux services financiers des entreprises, que l’on retrouve au travers de différents indicateurs, des sociétés fournissant ou vendant des informations sur les sociétés : Société.com, Pappers etc.
  • Risques rattachés à un secteur d’activité : aujourd’hui l’automobile et  le secteur du bâtiment,  hier hôtellerie restauration par exemple

Comment gérer la visibilité financière de la société ?

D’abord et avant tout et travaillant la présentation de son bilan, qui une fois publié diffuse une image figée de l’entreprise pendant une année.

  •  Distinguer dans l’activité les éléments récurrents rattachés à l’exploitation, des éléments non récurrents à isoler pour être immobilisés, ou passés en comptes de charges exceptionnelles, de sorte que l’EBE ou le résultat d’exploitation ne soit pas altérés et dégradés par l’impact de ces dépenses. Lire l’article sur retraitement du bilan
  • Ne pas hésiter à immobiliser les temps passés par le dirigeant et ses équipes et les dépenses rattachées (matières premières, temps machine, prestations extérieures) à développer de nouveaux produits et nouveaux services, à acquérir des certifications qui vont permettre d’ouvrir de nouveaux marchés.

Certes cela va améliorer le résultat imposable et donc générer de l’impôt, (mais le taux de l’impôt société est passé de 50 % à 25 %). Cela va surtout permettre d’identifier le véritable résultat de l’activité récurrente ce qui est essentiel pour le banquier, d’améliorer le résultat, donc la situation nette et les capitaux propres et de rassurer banquier et organismes financiers.

Cela peut permettre d’identifier ces dépenses et peut-être de solliciter des financements (crédit d’impôt recherche par exemple) mais aussi des prêts bancaires.

Suivre ses indicateurs 

  • Cotation Banque de France : la Banque de France reçoit vos bilans sans commentaires et sans information concernant le contexte de votre activité : elle va donc appliquer un principe de prudence et noter simplement à l’aide de ratios. A noter : il est possible de rencontrer la Banque de France et en lui présentant des éléments complémentaires obtenir une rectification de la cotation.
  • Visibilité sur organismes donnant des informations financières : voir ci-dessous cas concret d’une entreprise en plein développement et devant financer la montée en compétence de ses salariés et le développement d’un logiciel métier qu’elle a fait développer, ainsi que son besoin en fonds de roulement.

Cas concret de problème de financement lié à la visibilité financière

 Contexte

Une société de services en développement rapide ayant besoin de financer :

  • La montée et compétence et la formation de ses salariés
  • Le développement de son logiciel métier qu’elle a fait développer et qui doit être adapté du fait de l’évolution de ses prestations
  • Le financement du Besoin en Fonds de roulement :
    • Stocks de plus en plus importants au regard des volumes traités, et de la diversification des prestations
    • Encours clients : la société est passée d’une clientèle particulier à 100 % payant comptant à une clientèle diversifiée, particuliers, artisans, TPE, PME, grandes entreprises et Administrations payant avec délais de paiement de 30 à 60 jours.

Evolution du CA :

  • 2019 : 92 K€, résultat : +2.000 €
  • 2020 : 168 K€, résultat – 800 €
  • 2021 : 435 K€, résultat : + 9.000 €
  • 2022 : 605 K€ : + 17.000 €

Impossibilité d’obtenir un financement complémentaire auprès de sa banque, et plafonnement de ses crédits fournisseurs, sans aucune explication.

Actions

Le dirigeant appelle son principal fournisseur qui embarrassé lui explique que ce blocage est lié à la visibilité financière de sa société sur Société.com :

  • CA 2020 : 90 K€ Résultat : 2.000 €
  • CA 2020 : 168 K€ résultat : -8.000 € alors que le résultat réel est de – 800 €
  • Années suivantes : mention : la société refuse de communiquer ses résultats.

Face à cela appel au greffe du TC qui confirme que le PV d’approbation des comptes annonce – 8.000 €. Vérification faite il y avait bien une erreur dans le PV d’Assemblée préparée par le comptable.

Solution

La solution consiste à l’envoi du PV d’assemblée générale rectificatif avec le bon résultat pour l’année concernée.

Pour les années suivantes, le dirigeant a signé la lettre de confidentialité que lui a présenté son comptable. Il suffit d’envoyer un courrier signé par le dirigeant demandant la levée de confidentialité.

Résultat

Informée des démarches engagées pour faire modifier ces éléments, avec copie des documents , la banque a mis en œuvre le financement sollicité depuis 8 mois.

Attention, deux mois après les demandes de rectifications celles-ci ne sont toujours pas visibles sur les sites de renseignements commerciaux, qui restent l’outil privilégié des société d’assurance risque client.

Conclusion

La compréhension des contraintes qui s’imposent aux banques via le système financier, permet de répondre à leurs attentes en leur présentant une image de votre entreprise conforme aux contraintes qu’elles doivent respecter.

En donnant une meilleure visibilité, vous contribuer à rassurer votre banquier en lui permettant de relativiser le risque.

On n’est pas soumis à subir les contraintes du système financier. En gérant ces contraintes on peut changer la situation. Cela fait partie du métier de GECT.

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